Soulages Pierre

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Huile et acrylique500 000 € – 20 millions €
Estampes5 000 € – 40 000 €
Dessins encre et bourre de noix80 000 € – 1 000 000 €
Estimation minimale – maximale

Biographie de Pierre Soulages

Pierre Soulages est né le 24 décembre 1919 à Rodez (Aveyron).

Alors qu’il n’a que cinq ans, son père meurt. Il est élevé par deux femmes, sa mère et sa sœur. Dès son enfance, il est attiré par l’art roman, les dolmens et les grands plateaux solitaires de son pays natal. Adolescent, il assiste un archéologue et fouille des sépultures préhistoriques dans les Causses, invente silex et tessons de poterie noire. Il a toujours aimé dessiner à l’encre noire, griffonner au fusain des paysages d’hiver, des arbres dépouillés aux troncs mouillés, mais sa véritable révélation à l’art naît d’une visite de l’abbaye de Conques.

En 1938, il s’installe à Paris et est admis, un an plus tard, aux Beaux-Arts qu’il quitte rapidement, déçu par l’enseignement prodigué. En 1940, il est mobilisé puis, avec l’Armistice, versé aux Chantiers de Jeunesse à Nyons. Démobilisé en 1941, il intègre les Beaux-Arts de Montpellier où il rencontre sa future épouse et fréquente le Musée Fabre. En 1942, afin d’échapper au STO, il se réfugie dans un proche vignoble et devient viticulteur.

En 1946, il retourne à Paris et se consacre à la peinture. Le radicalisme et l’individualisme de Soulages s’affranchissent très tôt de la gestualité calligraphique qui marque la peinture de cette époque. La litanie de ses titres rappelle d’ailleurs l’intégrité de ses intentions. Plonger dans la psychologie des états d’âme à travers un signe, lui paraît être une abomination. Dans l’abstraction de ses premières peintures, géométrie et graphisme se conjuguent en une configuration centrale noire se détachant d’un fond blanc. Dès 1947, il commence à utiliser le brou de noix, matériau proche d’un monde cher, la terre, le vieux bois, le fer rouillé, matériau fraternel en cet après-guerre. Il rejette aussi les outils traditionnels trop précieux pour des outils à la qualité ouvrière, comme des spatules, des brosses ou d’autres fabriqués avec la semelle de chaussures. Les traces laissées sur la toile deviennent plus larges, simultanées, se lisent “d’un coup” et permettent l’ouverture spatiale du tableau et d’échapper à la continuité du graphisme, au geste.

Premières expositions collectives, personnelles, réalisation de décors pour le théâtre, la notoriété de Soulages s’élargit considérablement, jusqu’aux Etats-Unis.

Expérience de la gravure

Dans les années 50, il expérimente une technique originale de gravure à l’eau-forte. Son travail de la matière picturale privilégie les effets de lumière en jouant, par de puissants raclages à la spatule et à travers une gamme colorée réduite (rouge, bleu, ocre), sur des effets de clair-obscur. Dès 1956, alors que le format de ses œuvres ne cesse de s’accroître, il réalise ses premiers polyptyques et rompt ainsi avec le châssis en le démultipliant pour ouvrir l’espace du tableau, introduire une rupture dans la continuité. En 1959, le couple Soulages fait construire une maison sur le versant Sud du mont Saint-Clair à Sète, selon des proportions qui harmonisent isolement et travail.

1960 est l’année des premières rétrospectives, beaucoup d’autres suivront. En 1966, au Museum of Fine Arts de Houston, dans le très vaste espace d’exposition édifié par Mies Van der Rohe, il suspend ses toiles avec du fil Nylon pour “une mise en espace” où s’exauce sa volonté de triple rapport existant entre le peintre, le regardeur et le tableau. En 1979, au MNAM, il reprend le même principe muséographique mais avec le soutien de câbles rigidifiant tous mouvements parasitaires.

Entre 1968 et 1972, la peinture se fluidifie et seul le dialogue noir/blanc demeure, comme dans ses paysages d’enfant où la blancheur lumineuse de la neige était rendue par le contraste des arbres noirs.

Passage à l’outre noir

Un jour de janvier 1979, la couleur noire envahit toute la toile. Malgré la peur de l’impasse, ce noir qui domine avec passion, excès, sa vie et son œuvre telle la couleur d’origine, détenait déjà la lumière, celle qu’il recherchait dans les brous de noix, les raclages colorés, les contrastes noir et blanc. L’ “outrenoir”, l’au-delà du noir, la lumière transmutée par le noir est contenue dans ses œuvres selon une dynamique variable : format, épaisseur de la matière, traces de l’outil, mouvement du spectateur, mouvement du jour… Plus tard, il laisse réapparaître dans son œuvre “monopigmentaire” la couleur, notamment bleue, comme rappelé par ce qu’il a aussi aimé. Dans ses dernières œuvres, le blanc semble sourdre de la gangue noire en un arrachement vibrant où la lumière triomphe à nouveau.

Entre 1986 et 1994, résurgence d’une vocation, se déroule la grande aventure des vitraux de l’abbatiale de Conques en Aveyron, commande de l’Etat. Ceux qui n’avaient pas compris que Soulages était un peintre de la lumière, craignaient qu’il ne réalise des vitraux noirs ! Avec l’aide de maîtres verrier, il ne conçoit les esquisses des vitraux qu’une fois après avoir trouvé la lumière idéale, après avoir créé un verre spécial proche de l’albâtre.

Pierre Soulages a aujourd’hui 102 ans.